dimanche 2 octobre 2011

Interview de l'auteur Marie Liondor

Interview de l'auteur Marie Liondor + les deux premiers chapitres de l'un de ses romans pour vous lecteurs du blog!


    Bonjour Marie Liondor, et bienvenue sur L'univers des livres de Julie. Merci d'avoir accepté de répondre à quelques questions. Pouvez-vous vous présenter pour ceux qui ne vous connaissent pas encore ?

Bonjour. Merci à vous de m’inviter sur votre blog. Cela me fait plaisir de discuter avec des gens qui apprécient la lecture autant que moi.


Je viens d’avoir cinquante ans, je vis au Canada depuis huit ans, mais je suis Française, plus précisément tourangelle et j’ai cinq enfants âgés de 28 à 13 ans. Mes écrits tournent principalement autour du fantastique, notamment dans la zone paranormale qui reste le pivot de mes romans.


Le premier, Cœur de gitane, touche deux sujets qui me fascinent : les Gitans et l'amnésie. Pourquoi les Gitans ? Lorsque j'étais petite, ils vivaient dans des roulottes tirées par des chevaux et je me souviens que lorsque nous passions devant ces champs où ils s'arrêtaient pour une nuit ou une semaine, j'étais captivée par ces enfants qui couraient pieds nus, qui jouaient en se poursuivant et par leur feu de bois autour duquel ils s'asseyaient, bien souvent avec une guitare. Je me rends compte aujourd’hui que j’enviais leur liberté. Quant à l'amnésie... que dire ? Je trouve incroyable que notre cerveau puisse totalement oublier ce qui était le plus important dans notre vie, comme son conjoint, ses enfants, sa famille, ses amis, etc. Voici le résumé qui figure sur le livre :

Coeur de gitane


Profitant de son dernier dimanche de vacances, dans les Pyrénées, une jeune fille décide d'effectuer une excursion qui modifiera le cours de sa vie à jamais. Victime d'un accident, elle reprend conscience, blessée et amnésique, dans un camp de gitans. À la recherche de son passé, elle s'attache à ces personnes fascinantes, tout en se sentant irrésistiblement attirée par Diégo, cet homme insaisissable à l'humeur changeante. Alors qu'elle croit son avenir tout tracé, de sombres intrigues machiavéliques viendront de nouveau perturber sa destinée.

Lorsque j’étais jeune, une de mes voisines, Gitane devenue sédentaire, m’a beaucoup appris sur eux. Je me suis énormément documentée sur leurs coutumes, leur façon de vivre, leurs valeurs et j'ai adoré mettre noir sur blanc ces connaissances. Vous pouvez lire le début ICI si cela vous tente.

Le second est totalement différent. Comme vous tous, sûrement, j'ai entendu cette prophétie qui annonçait la fin de notre monde le 21 décembre 2012. Enfin, pas la fin du monde, mais la fin de ce monde, ce qui est totalement différent. De là, je me suis imaginé ce que pourrait être la vie après un tel bouleversement, si celui-ci arrivait, et comment réagirait quelqu'un comme vous et moi s'il se retrouvait transporté dans ce chaos, d'où son titre : 2012 - Les enfants du Chaos.
La partie fantastique est très importante, puisqu'une évolution de l'être humain s'est accomplie. Je vous copie également le résumé :
2012 Les enfants du Chaos

En essayant ce singulier fauteuil, Coralie est loin d'imaginer que son destin basculera du jour au lendemain. Enlevée et séquestrée par des individus qui ne parlent pas sa langue et dont certains ont une physionomie légèrement différente des humains, elle se demande si elle a sombré dans un monde virtuel ou si elle vit la réalité. Elle doit pourtant bel et bien se rendre à l'évidence : la terre a basculé dans le chaos et elle doit faire face à un bouleversement total de son monde, ainsi qu'à l'hostilité tenace que semble lui porter Joran le chasseur, également son geôlier.

Là encore, je me suis énormément documentée sur les prédictions et diverses annonciations, et ce livre en est le reflet. Vous pouvez lire les premiers chapitres  ICI .

Ces deux romans ont été publiés chez Edilivre et j'en suis satisfaite, hormis le prix que je trouve élevé. Je suis en pourparlers avec ma nouvelle maison d’édition et j’espère qu’ils y seront publiés.

J'ai participé ce printemps à un concours de roman policier aux Éditions "La plume de l'argilète" et j'ai été ravie de gagner le premier prix qui m'a valu d'être éditée chez eux. J'apprécie énormément notre association puisque nous partageons les mêmes objectifs : permettre à tous de lire à un moindre prix (mon livre fait 385 pages et n’est vendu que 9 euros) et, par là même, favoriser la lecture notamment auprès des jeunes et des passionnés. Tout comme moi, cette maison d'édition débute, mais ils ont plein d'idées formidables comme éditer les livres en gros caractères pour les malvoyants et mettre en place des livres audio. Ce troisième roman est donc à la fois policier et fantastique puisqu'il est question de fantôme.



Depuis sa plus tendre enfance, Laura est douée de dons paranormaux qui lui permettent de voir des fantômes. Un jour, elle heurte malencontreusement Pierrick, créature éthérée et désœuvrée,
qui erre dans les rues à la recherche de son identité. Lorsqu’il comprend qu’elle peut le voir, fou d’espoir, il sollicite son aide puisqu’il ne se souvient de rien. De nombreux mystères flottent autour de Pierrick :pourquoi, immuablement, se retrouve-t-il sur le perron de Laura ? Quels liens relient la disparition du juge de tutelles de La Roche-sur-Yon et l’enfant mort-né de Me Duval, notaire à Noirmoutier ? Qui cherche à éliminer les malheureux témoins d’une machiavélique machination ? Laura se lance dans une enquête qui pourrait lui coûter sa réputation, sa vie et briser son cœur à jamais.



J'ai envie de découvrir certains de tes romans, je crois qu'ils vont atterrir dans ma wish-list. Est-ce des romans adultes ou adolescents ?


Mes romans conviennent à toutes catégories d’âge. J'ai deux filles de 13 et 16 ans et je veux qu'elles soient capables de les lire, elles aussi. D'ailleurs, je leur demande leur avis à chaque fois, tout comme à mes aînés. Je désire que mes écrits soient pour tout le monde, autant pour les ados que pour les adultes (la vulgarité est extrêmement limitée). Par contre, bien sûr, il y a forcément une histoire d'amour.... il faut bien rêver !


Combien de temps avez-vous mis pour écrire vos romans?


Hummm Je n'ai jamais calculé, mais je dirais environ 3 à 4 mois pour la rédaction. Après, je relis, corrige le style, le français, les erreurs de syntaxe (car quand j'écris, je suis dans le flot de l'action et je ny fais pas vraiment attention à ce moment-là) et ce travail est assez long. Je peux y passer un mois. Je laisse un peu de côté, puis je relis une seconde fois. Et je retrouve toujours quelque chose à corriger, à modifier et à améliorer.

C’est la réalité pour mes trois premiers romans. Pourtant, pour l’un de mes nouveaux romans, arrivée au milieu de celui-ci je l’ai laissé de côté, car je voulais une fin intéressante et différente, mais ce point restait un peu flou dans ma tête. Alors, je l'ai laissé de côté, j'avais une autre histoire en tête que j’ai mise sur papier, puis je suis revenue au premier dont la fin me paraissait évidente, après mure réflexion.


Quels sont les prochains livres que vous écrirez ? Sur quels thèmes ?

Comme je le précise plus haut, j’ai terminé deux manuscrits qui sont encore sous le coude. Le premier traite de la bêtise et des barrières provoquées par les religions : Lucille, dont la religion est rattachée à une secte, subit les brimades et les moqueries des étudiants qui partagent son année de terminal, notamment une bande de jeunes plus acharnés que les autres. Elle se voit obligée de partager la scène avec Nicholas, meneur du groupe, qui s’est vu désigné d’office pour la pièce de théâtre mise en scène en cours de français. Cette histoire, sur fond de trahison, démontre l’incompréhension et les barrières dont chacun s’enferme en s’oubliant. C’est mon unique roman où le fantastique n’entre pas en ligne de compte, mais je l’aime beaucoup, car il prouve que, malgré les barrières et les difficultés, tout le monde peut trouver son bonheur.

Le second est très différent et encore basé sur le surnaturel puisqu’il s’agit d’un ange déchu : Manon, employée d’une banque, rencontre, lors du BBQ annuel donné par son directeur, Robyn, être extraordinairement attirant, qui semble la reconnaître. Surprise, elle s’éloigne de cet inconnu, mais il lui tend la main et elle se retrouve sur sa plage favorite, les pieds dans l’eau, pour une courte balade, et à peine a-t-elle le temps de réaliser ce qui lui arrive qu’ils sont de retour au BBQ. Qui est-il ? L’a-t-il hypnotisée ? Pourquoi se borne-t-il à l’appeler Opaline ? Quel passé ont-ils en commun et qui était-il pour elle ?

Ils sont en relecture pour correction et, éventuellement, leur apporter quelques modifications. Le prochain sera également fantastique : j'ai l'idée, mais je dois développer avant de vous en parler !


Où peut-on se procurer ces romans ? Sites internet ? Librairies ?


On peut les acheter principalement sur Internet :
Pour Un fantôme de ma vie, sur le site : 
http://www.laplumedelargilete.com/?q=node/11
et également chez Price Minister : http://www.priceminister.com/offer/buy/128837584/un-fantome-pour-la-vie-de-marie-liondor-livre.html
et pour les deux autres : http://www.edilivre.com/catalogsearch/advanced/result/?auteur=Marie+Liondor
On peut également les commander via une librairie en fournissant l'ISBN.


Les personnages de vos romans sont-ils inspirés de personnes réelles ?

Pas vraiment. En général, les personnages sont totalement imaginaires, mais quelques événements exposés dans mes livres proviennent de faits vécus ou connus. Pour le fantôme, par exemple, j'ai la chance de connaître des personnes qui possèdent des dons de médiums. Je me suis rappelé certaines de nos discussions ou de faits qu'elles ont vécus pour y insérer le plus de réalité possible. Comme je vous l'ai déjà dit, j'adore l'inexpliqué, le fantastique et le paranormal, donc ce sujet m’inspire. Par contre, je ne veux pas raconter n'importe quoi, ni donner d'images fausses ou erronées de ce milieu assez spécial. Certains phénomènes qui arrivent à Pierrick, mon fantôme, sont des manifestations qui seraient arrivées à des personnes dans son cas.

Bien entendu, mes personnages possèdent souvent une partie de moi (notamment les personnages féminins, bien sûr  ), mais peuvent également partager des traits de caractères avec mon entourage, amis, connaissances... 


À quel âge avez-vous commencé à écrire des romans ?


Je suis une jeune écrivaine, pas en âge, mais en durée de temps . Avant de commencer à écrire, j’étais avant tout une lectrice assidue, une dévoreuse de bouquins, un vrai rat de bibliothèque ! En fait, un jour, en discutant avec ma fille aînée, je lui ai confié que j’avais toujours eu envie d’écrire, sans jamais oser me lancer, et elle m’a plus ou moins mis au défi de le faire. De cette façon est né Cœur de gitane. C’était il y a deux ans et demi et depuis, je n’ai plus lâché mon clavier ou presque. 


Avez -vous des auteurs, livres favoris ?


Question difficile… J’ai plein d’auteurs et de livres favoris et je trouve toujours difficile de faire un choix. J’ai adoré les Guy des Cars, les Pearl Buck, les Agatha Christie et les Mary Higgins Clark, mais j’aime énormément Stephenie Meyer qui a écrit Âmes vagabondes et j’ai dévoré les Twilight qui sont dans la liste de mes romans favoris. Sinon, j’ai également beaucoup aimé la Trilogie des anges de Bernard Weber… bref, mes goûts sont assez différents et je trouve qu’il y a trop de bons écrivains et de trop bons romans pour fixer définitivement une sélection.


Avez-vous des conseils à donner pour de futurs écrivains ou écrivain amateurs ?


Des conseils ? Non, je n’ai pas cette prétention. Je peux juste recommander à celui qui désire se lancer dans l’écriture de réaliser son rêve et d'aller de l'avant : la vie est trop courte pour s’empêcher de se faire plaisir. Pour moi, écrire est jubilatoire et passionnant et mettre sur papier son imaginaire pour faire rêver et donner un peu de bonheur aux lecteurs est ma plus belle récompense.


Un grand merci à vous pour ces réponses !


~~
Et voici pour vous les deux premiers chapitres du roman Un fantôme de ma vie écrit par Marie Liondor publié aux éditions La Plume d'Argilète. Je la remercie ainsi que Jennifer pour avoir accepté de nous donner une ''mise en bouche'' de ce roman.

                                     Prologue 

C’était une chaude journée d’été, celle du genre où les grillons n’osaient plus chanter, tant cet effort devenait compliqué sous cette terrible canicule. Pourtant, Laura ne ressentait pas la brûlure du soleil sur sa peau, trop occupée à jouer avec ses amis. Elle avait disposé les petits fauteuils d’osier en arc de cercle, puis tiré la petite table assortie dans le centre, tout en distribuant chaleureusement la limonade fraîche et citronnée dans de grands verres harmonieusement agencés devant une assiette de gâteaux secs.
- Tiens, Sophie, ça, c’est pour toi. Et celui-là pour toi, Christophe.
- Merci, Laura. Mais… je n’ai pas soif.
- Moi non plus, dit en reniflant la fillette aux cheveux orangés qui semblait toujours si malheureuse.
- Pourtant, il fait très chaud, affirma Laura. Vous devriez boire, car maman dit qu’on peut se désitrader1 si on reste au soleil trop longtemps.
Les enfants s’épièrent du coin de l’œil, mais aucun d’eux n’osa lui demander le sens exact de ce mot, ce dont Laura aurait bien été en peine d’expliquer, n’en connaissant pas elle-même le sens, mais si sa maman le disait, c’est qu’il existait.
- Bon, si on jouait au chat ? demanda Christophe.
- J’ai du mal à courir avec ma jambe, pleurnicha la fillette aux cheveux orange.
Elle souleva son pantalon pour montrer une plaie profonde et ensanglantée qui courait le long de son tibia, mais dont le sang était figé sur sa peau.
- Il faut te soigner, Sophie. Attends, je vais chercher la trousse de maman.
Laura pénétra dans la petite maison aux volets bleus dont la porte, en été, restait ouverte en permanence pour permettre au soleil de réchauffer les murs de pierre qui gardaient perpétuellement une fraîcheur continue, puis elle revint avec une trousse de premiers soins sous le bras pour extirper une gaze qu’elle aspergea d’eau oxygénée afin de nettoyer la blessure de son amie. En l’absence de douleur, cette dernière ne réagissait pas et lorsque Laura constata que le sang avait totalement disparu, elle reposa la petite gaze sur le coin de la table, sans remarquer que celle-ci restait immaculée.
- Bon, ça va aller maintenant, allons-y !
Mais une voix provenant de l’autre côté de la haie de thuyas l’interpella :
- Laura ! Laura, tu viens t’amuser avec moi ? J’ai sorti toutes mes poupées.
Elle se retourna pour répondre à sa petite voisine, en souriant :
- Je ne peux pas, Brigitte. Mes amis sont déjà là !
- Tes amis ? Quels amis ?
Brigitte avait beau écarquiller grand ses yeux, elle ne voyait aucun camarade près de Laura et seules de petites chaises vides l’entouraient.
- Ils sont partis… Allez, viens, on va bien rigoler !
Laura fit demi-tour pour consulter ses amis du regard, puis elle confirma :
- Mais si, ils sont là… Viens jouer avec nous, toi, si tu veux !
Brigitte se mit à pleurer, en poussant de grands cris afin d’alerter sa mère qui ne tarda pas à rappliquer.
- Que se passe-t-il encore ? maugréa-t-elle.
- C’est Laura ! Elle ne veut pas venir jouer avec moi, pleurnicha-t-elle, elle dit qu’elle a des copains, mais c’est même pas vrai. Y’a personne !!
- Enfin, Laura, insista la voisine, pourquoi ne veux-tu pas venir jouer chez nous ? J’ai préparé un bon gâteau au chocolat pour quatre heures.
Laura baissa la tête, intimidée, sans savoir exactement quelle attitude adopter, mais sa mère, alarmée par les pleurs de la petite voisine, sortit à son tour, en s’inquiétant :
- Il y a un problème, Madame Robin ?
- Laura refuse de venir jouer avec Brigitte, insista-t-elle.
- Hé bien, Laura, pourquoi ne veux-tu pas aller chez Brigitte ?
- J’ai mes amis, maman, souffla-t-elle.
- Quels amis ? demanda la voisine.
- Mais là…
La petite fille indiqua les chaises autour de la petite table, en désignant les verres de limonade qui commençaient à tiédir.
- Cette petite est complètement folle, assura Mme Robin. Allez, viens, Brigitte, je t’interdis de jouer avec elle.
Puis, se retournant vers la mère de la fillette, elle affirma :
- Vous feriez mieux de l’enfermer ! Ou de consulter un bon psychiatre, car votre fille est bonne pour l’asile.
Digne, le dos raide, tout en tirant son enfant par le bras, elle fit volte-face pour se diriger vers sa maison, tout en continuant ses récriminations.

                                            1

  20 ans plus tard

Depuis que le médecin avait conseillé à ses enfants de la placer dans une maison de retraite, Léonie Paquet redoutait un peu plus chaque jour l’échéance de son emprisonnement, jugeant de cette façon sa future captivité. Après le décès de son mari, les difficultés étaient survenues ; elle n’arrivait plus à gérer convenablement son argent, sa mémoire lui jouant de vilains tours, ni à tenir correctement sa maison à cause de ses douleurs rhumatismales. Dans un premier temps, des dames bien gentilles venaient chaque jour l’aider pour sa toilette tandis qu’une autre passait trois fois par semaine pour accomplir quelques tâches ménagères. Mais ses enfants avaient constaté qu’elle dormait de plus en plus souvent dans son fauteuil ou quelquefois dans son lit lorsqu’ils lui rendaient visite et ils avaient consulté son médecin de famille, suspectant leur maman de s’ennuyer. Ce dernier leur avait conseillé de la placer dans une structure aménagée spécifiquement pour les personnes âgées, où elle pourrait pratiquer de nombreuses activités en se créant des connaissances, voire amitiés, cette solution étant la mieux adaptée à son état. Ses enfants, convaincus, acceptèrent ce compromis qui somme toute les arrangeait, tout en soulageant leur conscience.
Caroline, sa fille, l’avait accueillie une quinzaine de jours pour une période de transition où son frère avait déménagé les meubles préférés de leur mère pour les rapatrier dans son nouveau petit logement qui se constituerait d’une chambre – salon, afin qu’elle y retrouve ses objets familiers, chers à son cœur.
Puis un matin, ses enfants l’avaient conduite dans cette maison de retraite où les inscriptions étaient chères, dans tous les sens du terme puisque la pension totale de la vieille dame serait engloutie chaque mois pour régler les frais mensuels, mais surtout où les places étaient difficiles à débusquer, car très prisées. Malgré tout, le frère et la sœur n’avaient pas eu le choix d’éloigner leur maman de sa ville natale, Challans, puisque le seul établissement susceptible de leur fournir un petit appartement se trouvait à Barbâtre, sur l’île de Noirmoutier.
Lorsqu’ils arrivèrent, la vieille dame fut agréablement surprise par l’aspect chaleureux et accueillant du petit manoir qui se situait au beau milieu d’un parc où de nombreux pins centenaires devaient déployer un agréable ombrage et de délicieux effluves durant les chaudes journées d’été et où de nombreux mimosas bordaient les murs qui l’entouraient, d’où son nom. À peine la voiture s’était-elle arrêtée devant l’entrée principale qu’une femme se détacha de l’encadrement de la porte pour descendre l’escalier, en affichant un immense sourire commercial.
- Bonjour, bonjour ! J’espère que vous avez fait un bon voyage. Bienvenue à la Maison des mimosas !
Caroline extirpa sa mère du véhicule en lui tirant doucement le bras, puis s’approcha de la directrice en souriant :
- Bonjour, Madame Dujardin. Je suis Caroline Léger et voici ma mère, Léonie Paquet.
- Enchantée de vous rencontrer enfin, Madame Léger. Alors, Madame Paquet, comment trouvez-vous notre petit coin de paradis ?
- Je ne sais pas, Madame. Je viens juste d’arriver, alors il me serait difficile de me prononcer, mais je vous promets de vous donner une réponse dans quelques jours.
- Bien sûr, bien sûr ! Venez, je vais vous montrer votre appartement.
Le manoir avait subi diverses transformations pour répondre aux normes obligatoires exigées par le Conseil Général et de nombreuses extensions avaient été rajoutées de part et d'autre pour aménager de petits appartements, reliés les uns aux autres par un grand couloir vitré qui permettait à ses occupants de rejoindre la salle à manger et le grand salon, tout en évitant l’extérieur et ses frimas. Toutefois, l’architecture locale avait été préservée puisque les murs étaient d’un blanc pur tandis que les volets étaient peints de ce bleu typique à l’île, ce qui augmentait le charme de l’habitation.
Ils gravirent les quatre marches qui les séparaient de la porte principale pour pénétrer dans un splendide hall d’accueil où une jeune femme pomponnée se tenait derrière un comptoir pour réceptionner les visiteurs. Tout en continuant sa conversation téléphonique, elle sourit au petit groupe tandis qu’il se dirigeait vers la partie droite de l’extension. Bien qu’elle soit consciente que cette alternative était la plus raisonnable et la plus apaisante pour sa famille, le cœur de Léonie, qui était chagrinée d’être éloignée des siens, battait la chamade. Cette galerie, claire et ensoleillée, avait le mérite de lui plaire, elle devait bien l’avouer, d’autant plus que de splendides plantes vertes ornaient le muret qui soutenait la véranda, et ce côté champêtre lui rappela sa propre maison qui n’avait jamais été dépourvue de fleurs, ce qui s’annonçait de bon augure. Enfin, ils s’immobilisèrent devant une porte que la directrice s’empressa de déverrouiller en se décalant sur le côté pour inviter le groupe à s’y engager. Léonie avança lentement dans son nouveau logis, sous le regard inquiet de ses enfants.
Elle reconnut immédiatement son vieux fauteuil, celui-là même que son mari affectionnait particulièrement et qu’elle s’était approprié lorsqu’il l’avait laissée seule, aimant s’imaginer qu’elle se lovait dans les bras de l’homme qu’elle avait aimé. Sa télévision était là, également, posée sur la commode qu’elle avait hérité de sa grand-mère et dont elle n’aurait voulu se défaire sous aucun prétexte et dans l’alcôve, se tenaient son lit et sa table de chevet, ainsi que la lampe qu’elle et son mari avaient achetée lorsqu’ils avaient fait ce beau voyage en Grèce, à l’occasion de leur noce d’or.
- Alors, Maman, qu’en penses-tu ?
Léonie songea qu’elle ne désirait rien d’autre que retrouver la chaleur et le cocon douillet de sa maison, mais elle répondit en lui souriant tendrement :
- Ça m’a l’air parfait, ma chérie !

1 déshydrater

Merci de demander l'autorisation à l'auteur et à moi même avant de copier cet article

1 commentaire:

  1. Le roman "un fantôme pour la vie" de Marie Liondor
    a changé de maison d'édition :
    http://www.librairiedialogues.fr/livre/1951526-un-fantome-pour-la-vie-marie-liondor-plume-argilete

    [Sierra117]

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